Philippe Valter

1. Je ne bouge pas

Je ne bouge pas
Dans ce train qui me mène
Au plus loin de moi
Tout au bout de la plaine
Et tout me traverse
La lumière les averses
Je ne bouge pas
Mais la vie bouge en moi

Je ne bouge pas
Pourtant rien n’est figé
Nous sommes des instants
Sans cesse réinventés
Je revois la plaine
Mais elle n'est plus la même
Je ne bouge pas
Mais la vie bouge en moi

Les fuseaux horaires
Accélèrent le temps
J’ai beau m’arrêter
Le train va de l’avant
Je regarde en moi
Où le temps ne sied pas
Je ne bouge pas
Mais la vie bouge en moi
Je ne bouge pas
Mais la vie bouge en moi.

2. Comment savoir

Je ne sais si c’est le doute
Qui me couvre de son ombre
Ou bien simplement ces nuages
Qui bientôt s’éloigneront
Mais je ressens comme un poids
Un manteau qui me recouvre
Sans protéger du froid

Dis-moi comment
Comment savoir

Mon ami toi qui m’écoutes
Qui comprends ce que je sens
Et m’accompagnes sur la route
Sous la pluie et dans le vent
Dis-moi comment se fait-il
Qu’on avance rarement sur une ligne droite

Dis-moi comment
Comment savoir
Les raisons qui nous poussent
Les causes qui nous dépassent

Il y a les gens que j’aime
Et ceux que j’apprécie moins
Pour des raisons que moi-même
Ne comprends pas toujours bien
Mais je les retrouve quand même
Tous les jours sur mon chemin
Je les esquive en vain

Dis-moi comment
Comment savoir

Et dans ces méandres sans fin
Il y a cette personne qui m’attendait sur le chemin
Est-ce que c’était par hasard
Depuis la vie est plus douce
Le manteau un peu moins lourd
Où est passé son poids

Dis-moi comment
Comment savoir
Les raisons qui nous poussent
Les causes qui nous dépassent

3. Neige

Neige
Qui tombe à gros flocons
Sur la ville endormie
Et nous deux au milieu
D'une rue silencieuse
Dans une nuit sans fin
Et demain si lointain

Neige
Sur tes joues refroidies
Et sur nos rêves idiots
D'une vie sous le soleil
Tu souffles dans tes mains
Et je ne pense à rien
Et je me sens si bien

Neige
Qui nous enveloppe tous
Dans son indifférence
Quand les contours s'effacent
Quand tout redevient blanc
Redevient comme avant
Ne reste que je suis.

4. Sur la glace

Espace infinissant
D’une mer bleu argentée
L’hiver n’est qu’un instant
Dans un souffle arrêté

Et moi qui suis ici
Dans cette immensité
Je ne suis qu’une partie
D’un tout recomposé

Où s’arrête la goutte
Et où commence la mer
Qui englobe les doutes
Et les joies éphémères

Je marche sur la glace
Qui craque sous mes pieds
Certain qu’aucune masse
Ne pourra la briser

Des molécules d’eau
Unies pour me porter
Et moi sous mon fardeau
Comment le supporter

Où s’arrête la goutte
Et où commence la mer
Qui englobe les doutes
Et les joies éphémères

Un beau jour de printemps
La glace aura fondu
Partie tout doucement
Comme elle était venue

Et ce même soleil
Qui caresse ma peau
Détruit cette merveille
Qui n’était que de l’eau

Où s’arrête la goutte
Et où commence la mer
Qui englobe les doutes
Et les joies éphémères.


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